Missak MANOUCHIAN : le combat d’un immigré pour la France
80 ans après son assassinat par l’Allemagne Nazie, Missak MANOUCHIAN, résistant communiste d’origine arménienne, va être consacré puisque le président MACRON a souhaité honorer sa mémoire en faisant entrer sa dépouille au Panthéon le 21 février 2024. Il reposera en ce haut lieu aux côtés de son épouse, Mélinée.
Arrivé en France en 1924, cet ouvrier menuisier était aussi un passionné de littérature. D’abord installé à Marseille, il rejoint Paris où il adhère au Parti Communiste Français en 1934. Il épouse Mélinée, elle-aussi d’origine arménienne, en 1936.
Dés le début de la seconde guerre mondiale, en 1939, il est arrêté par l’armée allemande pour la simple raison d’être « communiste étranger », puis de nouveau en 1941 lors d’une rafle visant les communistes et les russes blancs. Aussitôt libéré, il s’engage dans la Résistance au sein du M.O.I (Main d’Oeuvre immigrée) puis intègre en 1943 les FTP – MOI (Francs Tireurs Partisans – Main d’œuvre Immigrée). D’abord combattant puis commissaire technique, il devient chef militaire du FTP-MOI.
Cette unité de la Résistance regroupe une soixantaine de combattants, tous de nationalités (on y retrouve des Espagnols, Italiens, Bulgares, Hongrois, Arméniens, Polonais) et de religions diverses. Les FTP – MOI sont un des rares groupes de la Résistance à agir dans la capitale et mènent plusieurs actions entre août et septembre 1943 dont la plus spectaculaire est l’exécution du responsable en France du S.T.O (Service de Travail Obligatoire).
Traqués par la police parisienne, Missak Manouchian et 23 membres de sa section que l’on appellera « le Groupe Manoukian » sont arrêtés le 16 novembre 1943. Mélinée, l’épouse de Missak, elle-aussi résistante, a pu trouver refuge chez le couple Aznavourian (parents du chanteur Charles Aznavour).
Le procès du « Groupe Manouchian » s’ouvre le 15 février 1944 à Paris. Bien en amont du procès, la propagande allemande placarde dans tout Paris « L’affiche Rouge » visant à faire passer ces héros de la Résistance pour des terroristes. Le verdict est sans appel : condamnation à mort.
C’est donc le 21 février 1944 que Missak Manouchian est fusillé au fort du Mont-Valérien.
Avec l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon, c’est tous les membres de son groupe qui sont honorés. On reconnaît par cet acte la bravoure d’hommes et de femmes, qui, par amour pour la France et les valeurs qu’elle représentait, se sont battus pour la Liberté alors qu’ils étaient eux-mêmes des « étrangers ». Cela prouve bien qu’au-delà des nationalités, l’attachement a un territoire peut dépasser les situations administratives : n’en déplaise à ceux qui soutiennent les théories xénophobes et approuvent les lois, toujours plus anti-sociales, imaginées pour « lutter » contre l’immigration.
Chalette est d’autant concernée par cette entrée au Panthéon de Missak Manouchian que c’est sur la commune que deux rescapés de son groupe ont trouvé refuge, cachés pendant plusieurs semaines par un Chalettois domicilié rue Marlin.
Franck Demaumont,
Maire de Chalette-sur-Loing