Le nom de Chalette est cité dès le début du IXe siècle (Caderaita), comme appartenant au patrimoine d’une certaine Gile (Gisla), possessionnée dans tout le Gâtinais. Elle en fit don à l’abbaye de Gembloux que venait de fonder son petit-fils saint Guibert, donation entérinée en 946 par une charte d’Otton Ier du Saint-Empire.
Le 26 janvier 1065, le seigneur du bourg, Gasbert, donne à l’abbaye de Saint-Benoît l’église de Chalette et ses dépendances : tout le bourg, huit arpents de pré, une pêcherie et trois moulins contigus à l’église.
Au XIIIe siècle, Pierre-Lancelot de Machaut, chambellan de Philippe le Bel, par son mariage avec la dame Isabelle de Gy, reçut « la pêcherie sur le Loing, face à sa maison ». Les moines quittèrent définitivement Chalette à cette époque. Le bourg resta dans la famille de Machaut de 1285 à 1530.
Au XVIIe siècle, les moulins étaient nombreux sur les deux rivières, on n’en comptait pas moins de cinq sur le territoire ; moulins à blé, à froment, à tan. On y broyait de l’écorce de chêne et même le bois lui-même pour les tanneries de Montargis.
Au XVIIIe siècle, le moulin à tan de Langlée fut supprimé pour être remplacé le 27 février 1738 par la papeterie de Langlée. Cette dernière devait laisser la place aux établissements Hutchinson.
Ce cosmopolitisme constitue toute l’originalité et la richesse de la ville. Au Au XXème siècle, Chalette doit sa diversité à l’implantation en 1851 d’une usine de caoutchouc par un Américain, Hiram Hutchinson. En raison des deux grandes guerres mondiales, de profonds changements ont lieu dans la composition de la population. Pour pallier le manque de jeunes ouvriers disparus sur les champs de bataille, la direction de l’usine Hutchinson est amenée à recruter une main d’œuvre étrangère.
[ L’usine Hutchinson, implantée dans le quartier de Vésines, embauche à tour de bras au début du XXe siècle. Elle est le catalyseur économique et donc géographique de l’immigration ukrainienne dans le Montargois. En voici l’explication : "Après 1918, l’usine Hutchinson de Langlée (quartier de Châlette) recrute massivement : les effectifs augmentent de 30 % entre 1914 et 1925. Ce sont les Russes et les Ukrainiens qui vont, en majorité, être embauchés durant les années 1920, et ce, de manière fortuite. La femme du directeur de l’usine de Langlée, Mme Lansoy, est fille de diplomate. Dame de compagnie de l’épouse de l’ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg pendant sa jeunesse, elle avait noué des relations avec la haute société russe de l’époque. C’est ainsi qu’en 1921, Nathalie de Miller, femme du général Wrangel, lui demande de bien vouloir accueillir des réfugiés russes à Châlette. De 1921 à 1926, Russes et Ukrainiens arrivent en masse : ils seront plus de 2 000, représentant plus de 50 % des étrangers embauchés à l’usine." Extrait de l’ouvrage Les Ukrainiens en France. Mémoires éparpillées, de Jean-Bernard Dupont-Melnyczenko, ]
A partir de 1936, en raison de la guerre d’Espagne, arrivent les Espagnols puis les Yougoslaves. Dans les années 60, c’est au tour des Portugais et des Nord-Africains. Viennent ensuite les Turcs et les Africains. Au début des années 90, Chalette accueille plus de 35 nationalités différentes. Les étrangers font ainsi partie de la mémoire collective de la ville.
Pour plus d’informations, consultez le livre « Chalette-sur-Loing au cœur de l’histoire » de Anne-Marie Pasquet.